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Désastres urbains. Les villes meurent aussi

Thierry Paquot La Découverte, 2015, 222 p., 17,90 €

L’ensemble sans ensemble, le commerce sans échange, l’impasse en hauteur, l’enclave dorée, la démesure toxique ; autrement dit : le grand ensemble, le centre commercial, le gratte-ciel, la gated community, les « grands projets ». Cinq « objets architecturalo-urbanistiques » qui sont pour Thierry Paquot, philosophe de l’urbain, autant de désastres caractéristiques du capitalisme productiviste. Ces dispositifs, l’« air de rien », tendent à enfermer et à assujettir ceux qui les occupent et qu’ils occupent. Cinq digressions ponctuent leur analyse et en élargissent l’horizon. On peut y lire un conte où il est question de la charte de Brest (publiée en 2033 sur le site de l’« ordre des architectes de Bretagne ») et d’ascenseurs à péage, y apprendre l’existence d’une carte mondiale des grands projets inutiles ou d’un exercice pédagogique que l’auteur propose à ses étudiants : « Quels lieux contribuent à faire de moi ce que je suis et deviens ? » Les préoccupations environnementales et écologiques sont constantes, toujours reliées aux enjeux de société. Si la radicalité de la critique est parfois déconcertante, on ne peut qu’en saluer la liberté et l’érudition, servies par un style soigné. L’attention aux mots et les nombreuses références littéraires sont extrêmement précieuses, tant il est vrai – comme le souligne l’auteur – qu’on habite également une langue, c’est-à-dire une possibilité de communiquer, d’être présent à soi, à autrui et au monde. Thierry Paquot poursuit ainsi une réflexion foisonnante, inscrite ici dans le sillage de Günther Anders, entamée il y a plus de vingt ans, sur l’homo urbanus et l’« habiter », sur la manière de relier le monde de chacun aux mondes des autres. Souhaitons qu’il l’approfondisse encore.

Jean Vettraino
4 mars 2015
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