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Le temps de la rigueur. Fiscalité, protection sociale, mondialisation

Pierre-André Lambert L’Harmattan, 2014, 148 p., 17,50 €

Dans un esprit légitimement méfiant devant les « ficelles » libérales déployées à l’échelle mondiale, l’auteur ne se contente pas d’évoquer quelques solutions simples : retour à l’équilibre des comptes publics (« toute dépense courante doit être compensée par une recette équivalente ») et, pour cela, diminution du budget des armés (conçu pour une politique française gaullienne dont la France n’a plus les moyens), réinstauration d’une fiscalité directe plus effective, financement par les bénéficiaires eux-mêmes (et non par le budget de l’État) des prestations sociales dans un esprit de mutualisation des risques, autonomie plus grande accordée aux universités, développement des écoles de production (qui permettent aux jeunes rétifs à la scolarité de s’insérer par un travail productif dans le tissu économique et social), renforcement des capacités d’investissement et de prélèvements fiscaux des collectivités régionales. Cette liste non exhaustive donne une idée des propositions, souvent iconoclastes, mais ne dit pas grand-chose de l’originalité de cet ouvrage. Tenant compte du blocage des gouvernements (les rapports officiels et analyses sont disponibles et convergents, mais la mise en œuvre est pusillanime, voire freinée par ceux-là mêmes qui en avaient soutenu l’idée) Pierre-André Lambert fait fond sur « le bon sens » et « l’imagination » des populations. Il fait remarquer que l’opinion publique n’est pas aussi réactionnaire que le pensent les gouvernants, et qu’elle est capable d’admettre des solutions audacieuses et courageuses. Un exemple symptomatique est le titre du deuxième chapitre : « Protection sociale, nous l’avons, il faut la payer ». L’auteur ne va cependant pas aussi loin que la philosophe Simone Weil qui, à Londres, préparant les lignes directrices d’une nouvelle constitution pour la future France libérée, préconisait l’interdiction des partis politiques, soupçonnés, telle l’Église du Moyen-Âge, d’étouffer la pensée des citoyens. Ce livre courageux fera grincer des dents. En n’attendant pas tout des gouvernants, il n’en est pas moins salutaire.

Étienne Perrot
18 mars 2015
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