Y a-t-il du sacré dans la nature ? reprend un débat amorcé par Lynn White Jr. en 1967 à propos des racines judéo-chrétiennes de la crise écologique. Deux théologiens, un catholique, Christophe Boureux, et un protestant, Stéphane Lavignotte, montrent en effet comment le christianisme est à l’origine du mouvement de sécularisation en remplaçant le sacré par le saint. Alain Cugno élargit le propos en soulignant que la beauté de la nature renvoie aujourd’hui plus à l’absence de Dieu qu’à sa présence. Ceci permet à Jean-Philippe Pierron d’interroger les quêtes séculaires d’une expérience spirituelle de la nature. Plus généralement, les auteurs de l’ouvrage discutent le sens du sacré des éthiques environnementales, de Hans Jonas à l’écopsychologie. Des anthropologues retournent alors la problématique en rappelant comment la pensée écologique est l’héritière d’une définition du sacré posée par Durkheim et par Mauss. Pour Pierre Charbonneau, par exemple, il appartient désormais à l’écologie politique de réaffirmer la dépendance du social à la nature, sans renoncer aux acquis de la sécularisation. Le livre introduit ainsi trois réflexions de philosophie politique. Émilie Hache voit dans la sacralisation de la nature une réaction à l’œuvre de profanation du capitalisme. Jean-Claude Génot dénonce le glissement des politiques publiques de la protection de la nature à la gestion de la diversité. Ce qui permet à Catherine Larrère de poser les bases d’un contrat social avec la nature à l’école de La nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau. Il est des actes de colloques impossibles à recenser tant les contributions y sont juxtaposées. Celles-ci, au contraire, font sens en se répondant les unes les autres. Un livre à méditer !