Logiques de projet, logiques de profit : convergences ou oppositions ?
Jean-Pierre Boutinet et Jean-Pierre Bréchet Chronique sociale, 2014, 126 p., 8 €Ce petit livre traite d’une problématique particulièrement d’actualité : le dilemme des articulations entre projet et profit. Dans un essai qui se veut prospectif, les auteurs développent une analyse claire de certains enjeux économiques et politiques du temps présent en prenant appui sur une réflexion anthropologique. Leur ambition est de redonner sa place à l’action collective en charge du bien commun. Dans la complémentarité, mais aussi l’opposition entre projet et profit, on peut lire une esquisse d’anthropologie de l’action. Deux pôles apparaissent clairement : le pôle économique, marqué par les logiques de profit de l’homo œconomicus cherchant à maximiser ses intérêts individuels, le pôle politique, qui répond aux logiques de projet de l’homo politicus mû par un engagement collectif. Ces éléments constitutifs d’une anthropologie de l’action restent cependant relativement binaires. Il pourrait être intéressant de faire émerger plus clairement une troisième dimension, parfois seulement esquissée : celle d’un pôle métaphysique, marqué par les logiques de l’agapè d’un homo religiosus sachant se faire le prochain de son alter ego (on pense au socius chez Ricœur). Cet essai renvoie finalement le lecteur à deux questions essentielles : que pouvons-nous faire ensemble ? Et comment cette action collective peut-elle être émancipatrice à l’égard de la technoscience contemporaine et d’une hégémonie économique aliénante ? Les auteurs dessinent les contours d’une action porteuse d’espérance fondant et légitimant la condition humaine. L’action collective est notre bien commun le plus précieux : elle génère de la solidarité relationnelle et prépare l’avenir en permettant à l’humanité d’advenir à elle-même.
3 décembre 2014