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La gouvernance de l’insécurité. La pénalisation du social dans une société sécuritaire

Gilbert Clavel L’Harmattan, 2014, 228 p., 22,50 €

Un petit livre dense, très bien documenté, et qui déploie tous les aspects de la montée du souci sécuritaire dans nos sociétés – lequel est devenu un phénomène social total qui imprègne, oriente, colore tous les aspects de notre vie sociale. La perspective est dans la ligne de Michel Foucault et il faut bien reconnaître que les concepts mis en œuvre collent à la réalité. Le tableau est sombre, mais il ne dénature pas la logique qui veut que l’émancipation des individualismes sur fond de crise économique engendre la peur et l’inquiétude, un déplacement de la compréhension des crimes et des délits (le passage de la culpabilité à la dangerosité) et de celle des victimes (sacralisées). On doutera que le nombre de vols avec violence ait été multiplié par 49 en Grande Bretagne entre 1950 et 1990, ou que celui des  crimes et délits l’ait été  par 7 sur la même période en France. Certes, ce sont les chiffres officiels, mais ils traduisent, sans aucun doute, moins une augmentation de la violence que l’abaissement des seuils de tolérance – une perception transformée de la réalité sociale, où les délits et les crimes ne sont plus, dans l’imaginaire social, réservés au monde des pauvres, mais atteignent les classes moyennes. La conclusion pose quatre questions fondamentales : par qui acceptons-nous d’être conduits ? Comment voulons-nous être conduits ? Vers quoi voulons-nous être conduits ? Et, enfin, de quoi et avec qui voulons-nous être co-acteurs d’un changement ? C’est peut-être le seul regret que j’aurais envie de formuler : la part prospective, nettement indiquée, certes, par la volonté de passer d’une société sécuritaire à une société solidaire, aurait pu être davantage développée. Un prochain livre ?

Alain Cugno
12 décembre 2014
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