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Cela devient cher d’être pauvre

Martin Hirsch Stock, 2013, 216 p., 12,50 €

Quelques semaines avant de prendre la présidence de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch, ancien haut commissaire aux solidarités actives, consacre un petit livre à un phénomène assez peu étudié en France : la double peine de la pauvreté. Reprenant le travail d’un sociologue américain, David Caplovitz (The poor pay more), il montre qu’être pauvre, c’est aussi payer plus cher que les autres pour se loger, s’assurer, se soigner, téléphoner. Nombre de compagnies d’assurance, par exemple, pratiquent des tarifs d’assurance automobiles plus élevés pour les sans-emploi (un surcoût pouvant aller jusqu’à 33 % !). Même constat pour les assurances habitation, les dépenses d’énergie et de chauffage. Les dépenses contraintes ont presque doublé en trente ans dans les ménages les plus modestes. En s’appuyant sur les travaux réalisés dans le cadre de l’Action Tank Entreprise et Pauvreté de la chaire sociale HEC, l’ancien président d’Emmaüs propose d’inverser la stratégie de lutte contre la pauvreté de notre pays. Il ne s’agit plus de s’appuyer sur des dépenses publiques qui ont souvent un faible impact, mais de réduire les effets de cette double peine. Dans une perspective de progressivité universelle, il propose d’abaisser les coûts supportés par ceux qui ont moins. Il appelle ainsi à la mise en place d’un bouclier sanitaire et d’un bouclier énergétique qui se substituerait aux différents tarifs sociaux du gaz et de l’électricité. Il plaide pour la création d’un coefficient solidaire, calculé en fonction du revenu et pondéré par les charges de famille. Mais il fait ainsi la part belle au monde de l’entreprise (notamment à celui du social business) en appelant les entreprises à être des acteurs de la réduction de la pauvreté. À partir de l’exemple de Danone et du programme Malin pour diminuer le coût de l’alimentation infantile, il recommande le développement de partenariats public-privé anti-pauvreté. Initiateur du RSA, il reconnaît que celui-ci est inachevé et souhaite qu’il soit élargi aux jeunes de moins de 25 ans, en y intégrant la prime pour l’emploi. Le livre de Martin Hirsch résonne particulièrement avec celui d’ATD Quart Monde, paru quelques semaines plus tôt, En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté. Que n’a-t-il développé, lorsqu’il était au gouvernement, une politique plus ambitieuse de lutte contre la pauvreté ? Et contredit les diatribes répétées par ses collègues de l’époque autour du cancer de l’assistanat ?

Antoine Dulin
14 novembre 2014
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