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Le principe démocratie. Enquête sur les nouvelles formes du politique

Sandra Laugier et Albert Ogien La Découverte, 2014, 284 p., 21 €

Dans Pourquoi désobéir en démocratie ? (2010), Sandra Laugier et Albert Ogien analysaient la désobéissance civile comme « une forme d’action politique constitutive de la démocratie ». Ils s’attachent aujourd’hui, selon le même parti pris (« l’ordinaire ») et avec les mêmes outils (la sociologie de l’action et la philosophie morale), à l’étude de nouvelles formes du politique, manifestées depuis 2011 par celles et ceux qui, de Tunis à Bangkok, occupent les rues et les places pour revendiquer une « démocratie réelle ». Au-delà de leurs différences irréductibles, ces mouvements sont tous ancrés dans ce que les auteurs nomment le « principe démocratie » : leurs protagonistes sont des citoyens qui s’emparent de la notion de démocratie pour remettre en cause la légitimité des pouvoirs qui les gouvernent, selon des modalités semblables (hors cadre institué, unanimisme, non-violence). S’intéressant particulièrement aux mouvements dans les pays démocratiques, Sandra Laugier et Albert Ogien rappellent que « la démocratie n’est pas (seulement) un régime politique, mais un principe », un processus par définition inachevé et ouvert de conquête de l’égalité. Un de leurs mérites est de prendre au sérieux les manifestations contemporaines critiquant « les institutions de la démocratie de l’intérieur même des principes de la démocratie », sans leur appliquer les lectures traditionnelles qui tendent à les disqualifier, et de ne pas enfermer ce « principe démocratie » dans des catégories figées. Un autre est d’analyser l’évolution des rapports entre « le » politique – l’ordre des relations sociales ordinaires, en public comme en privé – et « la » politique à la lumière de ces manifestations (qui servent, en quelque sort, de révélateur) : dans la manière dont la démocratie « tente de s’actualiser comme forme de vie », les auteurs voient une reconfiguration, insensible mais irrémédiable, des pratiques de la politique. Au final, cet essai constitue une remarquable ouverture de la réflexion et de l’imagination politiques, contribuant ainsi à rendre la démocratie aux citoyens.

Jean Vettraino
9 octobre 2014
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