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Quel futur pour notre alimentation ?

Pierre Feillet Éditions Quae, 2014, 166 p., 16 €

Pierre Feillet, directeur de recherche honoraire à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), propose dans cet ouvrage destiné au grand public une réflexion sur notre alimentation future. Face à l’augmentation de la population, à son vieillissement, à la hausse du niveau de vie et aux contraintes climatiques, la production agricole doit s’adapter à une demande croissante, tout en répondant aux exigences écologiques et citoyennes. L’auteur présente quelques pistes, mais aussi leurs limites. Écartant agriculture intensive et agriculture biologique, il ébauche un modèle alternatif, dit « durablement productif ». Il prône les biotechnologies industrielles capables de produire des nutriments et des microorganismes, comme les algues sources de protéines et les organismes génétiquement modifiés. Pour lui, les principaux obstacles à la technologie alimentaire se situent chez les consommateurs et les citoyens, méfiants à l’égard de l’industrie agroalimentaire à la suite de différents scandales (dont celui des lasagnes à la viande de cheval en 2013). Pierre Feillet entend tranquilliser ces critiques en exposant les bienfaits de nouvelles techniques alimentaires. Malheureusement, l’ouvrage manque à la fois d’arguments solides et de rigueur. Si de nombreuses données chiffrées sont indiquées, aucune source n’y figure (de même pour les citations d’auteurs ou de rapports, qui ne permettent pas au lecteur de s’y référer). Surtout, l’auteur ne prend pas le temps de justifier ses certitudes : il écarte ainsi d’emblée l’agriculture biologique, accusée de ne pas être assez productive. Pierre Feillet met en avant la nécessité des biotechnologies alimentaires, même s’il reconnaît des incertitudes sur leur production et sur les potentielles économies d’énergie. Multipliant les arguments d’autorité, cet essai relève finalement d’une sorte de dogmatisme. On ne peut que le regretter, car l’intention d’aller par-delà les sentiers battus était louable, à l’heure où trop de visions manichéennes affaiblissent les débats sur l’agriculture et l’alimentation.

Clémence Guimont
8 octobre 2014
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