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La France malade du conflit israélo-palestinien

Pascal Boniface Salvator, 2014, 222 p., 19,50 €

Peut-on débattre sereinement du conflit israélo-palestinien ? Visiblement non, déplore Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques. Le propos de cet ouvrage, publié en février 2014, a résonné d’une actualité aiguë durant l’été, alors que l’offensive israélienne sur Gaza réveillait une nouvelle fois, non seulement les mobilisations de soutien aux Palestiniens, mais aussi une passion française : la polémique autour de la résurgence d’un nouvel antisémitisme, essentiellement arabe ou d’extrême gauche, sous couvert d’antisionisme. Pascal Boniface s’emploie à déconstruire cette allégation des organisations communautaires juives (du Conseil représentatif des institutions juives de France notamment). Il leur reproche en particulier de privilégier la défense inconditionnelle du gouvernement israélien sur la lutte contre l’antisémitisme, jamais justifiable mais devenu « résiduelle » dans la société française. Ce faisant, ces organisations creusent le fossé qu’elles prétendent combler. La démonstration est soutenue par une argumentation fournie et il est sain de libérer le débat de cette question sensible du chantage à l’antisémitisme (l’auteur en a lui-même fait les frais). Le titre laissait toutefois espérer une exploration plus en profondeur des différents malaises de la société française auxquels cette passion israélo-palestinienne sert à la fois de révélateur et d’exutoire : celui de certains juifs de France, d’une part, sur la corde raide entre leur attachement à un modèle républicain en crise et un État d’Israël de plus en plus critiqué ; et la dérive, d’autre part, de catégories d’exclus, pas tous arabes, vers des thèses où le juif sert de bouc émissaire à leurs frustrations.

Thierry Brésillon
6 octobre 2014
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