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Je crise climatique. La planète, ma chaudière et moi

Jade Lindgaard La Découverte, 2014, 252 p., 18 €

« L’idée que l’on puisse faire son ‘coming-out’ d’énergivore, un cérémonial d’aveu façon Alcooliques Anonymes, ‘Bonjour, je m’appelle Jade, je suis énergivore’, passerait pour un grave symptôme de maladie mentale » (p. 35). Une maladie pourtant qui dessille, faisant percevoir son environnement le plus proche à la personne atteinte comme un « paysage intégral de produits dérivés du pétrole ». L’ego affecté par le climat en quelque sorte, ce que l’auteure, journaliste à Médiapart, appelle l’« ego climat ». Ego d’urbaine jouissant du confort moderne en l’occurrence, honnêtement – nécessairement peut-être – en crise, comme le souligne le titre du livre. Il faut saluer l’originalité de cette introspection au service du climat. Il s’agit d’une enquête, entraînante, sensible et drôle, solidement documentée et servie par un style remarquable. Elle commence avec une chaudière d’appartement – qui se mue en « rhinocéros thermique » – et conclue notamment sur la nécessité de « désapprendre à polluer sans le savoir ». En effet, une des spécificités du bouleversement climatique actuel, qu’il partage avec notre système énergétique, est son invisibilité et la difficulté que nous avons à nous le représenter. C’est aussi qu’il touche à notre subjectivité de nantis, à notre usage du monde : modes de transport (voiture et avion font l’objet d’un chapitre chacun), de communication (internet), de consommation et de gaspillages matériels et alimentaires. La question de la responsabilité de chacun – remise dans le contexte de crise plus général d’un système néolibéral et consumériste – est clairement posée. Comme le rappelle Jade Lindgaard, « l’écologie est aussi minuscule », et c’est là sa grandeur.

Jean Vettraino
29 septembre 2014
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