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Que ton règne vienne. Des évangéliques tentés par le pouvoir absolu

Philippe Gonzalez Labor et fides, 2014, 472 p., 25 €

Enseignant à l’Université de Lausanne, Philippe Gonzalez présente la théologie politique d’Églises et de réseaux néo-pentecôtistes qu’il a observés. Si l’enquête semble se limiter à la Suisse romande, elle ouvre le lecteur à un phénomène globalisé dont la source américaine est souvent soulignée, non sans inquiétude quant à son influence. À partir d’un riche matériau, l’observation d’événements, l’exploitation d’interviews et le décryptage de discours et d’images, l’auteur montre comment les évangéliques et les pentecôtistes, longtemps concentrés sur la conversion des individus, se préoccupent aujourd’hui de questions sociales et du devenir des nations. Il s’arrête à la manière dont certaines Églises de la « troisième vague » du pentecôtisme expriment ce souci : il s’agit de prier et d’œuvrer pour que le Christ « domine » les forces sataniques qui se sont emparées des villes et des nations. Ce « dominium » (concept forgé à partir d’une lecture de la Genèse 1,28 : « Dominez la terre », et de Matthieu 28,19 : « De toutes les nations, faites des disciples ») a été théorisé comme devant s’exercer sur sept grandes sphères sociales, « sept montagnes » : arts, affaires, éducation, famille, gouvernement, médias et religions, ainsi que des groupes (les personnes homosexuelles ou l’islam, par exemple) à combattre par le jeûne et la prière. Ce « dominium » est assuré : la théologie politique qui en découle – de type théocratique – repose sur une théologie de la « puissance » divine et une « eschatologie victorieuse » avec le règne du Christ sur terre. La mission des chrétiens est de servir ce règne, de « faire avancer le Royaume de Dieu » par le combat spirituel, mais aussi, en investissant des postes d’autorité dans ces diverses sphères. La légitimité du combat politique repose, pensent-ils, sur un mandat divin dont ils doivent rendre compte. De culture mennonite, non violente, l’auteur ne cache pas ses craintes. Ce qu’il décrit correspond certes à la vision et à des pratiques de la « troisième vague » du pentecôtisme ou « néo-pentecôtisme ». Il ne faudrait cependant pas en conclure qu’il dépeint là le monde pentecôtiste et encore moins le monde évangélique en général. Ce serait prolonger de manière injuste l’effet médiatique de certains reportages présentant cette partie pour le tout !

Anne-Marie Petitjean
26 septembre 2014
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