Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site

La bataille des mondes. « Pour la démondialisation, tapez 1 ; pour la mondialité, tapez 2. »

Roger Martelli Éd. François Bourin, 2013, 215 p., 16 €

Le sous-titre donne la clé de l’ouvrage, et l’auteur, historien du communisme, recommande de taper 2. Dès l’introduction en effet, il avance qu’il s’agit de « décapitaliser et non pas de démondialiser », ce qu’il développe ensuite. Définissant la mondialisation sous un angle essentiellement économique et financier (« Stricto sensu, il n’existe pas d’autre mondialisation que celle du capital »), il lui oppose la mondialité, un terme repris au poète Édouard Glissant, désignant « l’ensemble des interconnexions matérielles et des solidarités qui font de la planète un Monde, c’est-à-dire un espace du commun ». Si le sentiment de peur suscité par la mondialisation est légitime, il ne faut pas pour autant se détourner du monde. Tout en rappelant que la propriété privée et la concurrence restent à la base de la dynamique de nos sociétés, il se prononce pour un « espace de citoyenneté mondial » à constituer, sans délaisser pour autant l’espace politique de l’État-nation ni la majorité des populations. Dès lors, il met en garde contre le risque d’une conception technocratique d’un tel espace, déjà en germe dans la notion de gouvernance, et promeut l’idée d’une révolution, mais différente, qui est en germe elle aussi dans les multiples mouvements sociaux et syndicaux de la planète, et qui pourrait se doter d’« une légitimité sans précédent ». Roger Martelli rappelle à raison la complexité du monde, ses dimensions territoriales, les multiples ordres qui le régissent. Il souligne aussi les inégalités criantes qui le détruisent et le danger d’une gestion sécuritaire. Mais est-il sûr que la vision très duale exposée – mondialisation contre mondialité – et le niveau de généralité auquel s’en tient l’auteur aident vraiment à éclaircir le débat ?

Jean Vettraino
20 août 2014
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules