Un livre très utile sur une question importante, dont les enjeux font l’objet d’un nombre croissant d’études et de publications. Juristes l’un et l’autre, les auteurs commencent par parcourir les définitions de la notion de « migrants environnementaux » et constatent qu’il n’en existe aucune qui fasse consensus : dans la diversité des motivations qui poussent des personnes à migrer, il est difficile d’isoler le facteur environnemental. Une lacune conceptuelle qui se traduit par une grave lacune juridique : aucun instrument ne définit aujourd’hui les obligations des États à l’égard de ces migrants. Tout au plus peut-on dégager quelques éléments juridiques en parcourant les documents des Nations unies, notamment ceux qui constituent l’amorce d’un « droit international de l’environnement ». Ce chapitre constitue l’apport le plus original de l’ouvrage. Présentant ensuite les diverses institutions internationales qui pourraient se saisir de la question – faisant ainsi droit au mot « gouvernance » du sous-titre – les auteurs aboutissent à un constat peu encourageant : dans un « paysage institutionnel » très fragmenté, les « acteurs poursuivent des objectifs divergents, parfois contradictoires ». On peut alors redouter que la perspective sécuritaire, alimentée par des « craintes infondées de voir affluer des hordes de réfugiés environnementaux », ne prenne le dessus, paralysant toute avancée vers une protection spécifique de ces réfugiés. La conclusion de l’ouvrage, assez pessimiste pour l’immédiat (« une convention internationale sur ce sujet semble exclue pour le moment ») ne voit de perspective que dans l’évolution « vers un monde où la coopération des États sera mieux à même de protéger l’humain et son environnement ».