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Faut-il ouvrir les frontières ?

Catherine Wihtol de Wenden Presses de Sciences Po, 2013, 98 p., 15 €

Toutes sortes de flux nourrissent – et sont nourris par – les processus de globalisation et d’interconnexion des individus et des groupes entre eux. Pourtant, la circulation des personnes reste largement entravée. Ce décalage entre une mondialisation débridée et l’imperméabilité des frontières pour les migrants est le point de départ de la réflexion de l’auteure. Elle étaie son argumentation de nombreuses données chiffrées et de résultats d’années de recherche sur des sujets ayant trait aux migrations mais aussi à la mondialisation, à l’enrichissement des pays du Sud, au changement climatique ou encore à l’urbanisation. Elle revient d’abord sur l’apparent paradoxe de la restriction des migrations dans un monde de flux, en soulignant qu’un certain nombre d’évolutions sont récentes (création d’espaces de libre-circulation, développement des binationalités, fermetures de frontières) mais que des grandes tendances s’observent : la régionalisation des flux migratoires ou l’apparition de flux nouveaux. D’où une interrogation sur le rôle géopolitique et symbolique de la frontière. L’auteure rappelle que l’augmentation des contrôles et la mise en place de politiques restrictives obéissent à la forte inclination des pouvoirs publics à jouer sur le sentiment d’insécurité des populations. La dernière partie de l’ouvrage interroge l’émergence d’un « droit à la mobilité » et évoque le nombre croissant de structures et de conférences internationales sur le sujet qui constitueraient les fondations d’une « gouvernance mondiale et régionale des migrations ». L’auteure, finalement, en appelle à un renversement des logiques qui guident les politiques migratoires, en proposant de concevoir la mobilité comme un droit universel, auquel les États pourraient apporter un certain nombre de restrictions. Mais on peut rester dubitatif sur une telle proposition, tant ces restrictions seraient nombreuses. Et l’on formulera deux regrets à la lecture de ce plaidoyer : le poids, d’une part, d’une logique économiciste dans l’argumentation et, d’autre part, la trop courte évocation de la considération sécuritaire et des logiques discriminatoires qui guident les politiques migratoires des États.

Vianney Schlegel
22 avril 2014
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