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La capture. Où l’on verra comment les intérêts financiers ont pris le pas sur l’intérêt général et comment mettre fin à cette si

Christian Chavagneux et Thierry Philipponnat La Découverte, 2014, 136 p., 12 €

Cinq ans après le G20 de Londres, qui annonçait une reprise en main de la finance, voilà un livre bilan qui arrive à point nommé. C’est aussi, en creux, du bilan de Finance Watch qu’il est question. Christian Chavagneux a accompagné l’émergence de ce contre-pouvoir aux lobbies européens de la finance. Thierry Philipponnat, après vingt ans dans les grandes banques internationales, en a pris la tête. Les auteurs ont le mérite d’aborder la question sans a priori idéologique, avec pragmatisme et en s’appuyant sur les derniers travaux de recherche disponibles. Avec pédagogie aussi, dans l’objectif (réussi) de mettre à la portée du plus grand nombre des mécanismes dont la complexité est souvent exagérée à dessein. Les explications sur le surendettement chronique des banques, l’effet levier excessif, l’insuffisance des fonds propres, la valorisation aléatoire des actifs bancaires sont d’une rare limpidité. On n’en dira pas autant du chapitre sur la scission avortée des banques de crédit et des banques de marché : les auteurs, qui ont défendu des positions différentes, se livrent ici à quelques contorsions qui réduisent l’intelligibilité du propos. Parmi les apports originaux du livre, notons le démenti pratique apporté à certaines recettes magiques (féminiser la finance) ou les remarques sur l’impunité de fait octroyée aux banques « too big to jail » (trop grosses pour qu’on puisse courir le risque de les condamner). Les auteurs soulignent quelques avancées, mais ils décortiquent aussi l’inquiétante soumission de l’intérêt général à l’intérêt de quelques-uns, mettant notamment en évidence le rôle joué par les États (Royaume-Uni, France et Allemagne en tête) pour défendre leurs champions bancaires nationaux ou détricoter les propositions de régulation parfois ambitieuses de la Commission et du Parlement européens. Le parallèle avec Roosevelt esquissé en conclusion met cruellement en lumière l’incurie des dirigeants européens actuels.

Jean Merckaert
23 avril 2014
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