Révolutions. Quand les peuples font l’histoire
Mathilde Larrère (dir.) Belin, 2013, 240 p., 39 €La révolution est de retour. Mais quand avait-elle disparu ? Contre les illusions de la « fin néo-libérale de la politique » condamnant la révolution aux oubliettes de l’histoire, les auteurs de ce beau livre, remarquablement illustré et riche de documents, adoptent le pari d’une histoire connectée, globale et comparée, des révolutions entre le XVIIe siècle et aujourd’hui. Peuple en marche et en armes, exercice du droit de résistance à l’oppression, ouverture (constitutionnelle) d’un changement radical : voilà le diapason qui résonne entre les révolutions d’hier et aujourd’hui. Sans perdre de vue les spécificités de chaque épisode, les historien(ne)s parviennent à mettre au jour les héritages, les réappropriations, qui placent l’objet « révolution » hors du champ d’une historiographie strictement nationale. Mais le choix de l’approche chronologique et du cadre national, loin de lui nuire, ajoute encore à cette histoire des circulations, permettant au lecteur de naviguer entre elles tout en bénéficiant d’une recontextualisation précise. Il se trouve ainsi confronté à une trame de citations et d’emprunts, à un « faisceau de symboles, d’images, de textes, de gestes et de codes », sans cesse réinterprétés par les acteurs révolutionnaires, du XVIIe siècle à nos jours. Tout sauf anecdotique, l’attention portée aux objets et aux symboles révolutionnaires ouvre de nouvelles voies pour penser les usages mémoriels des différentes révolutions. De l’Angleterre de 1649 à la Révolution américaine, de la Commune à la révolution des jeunes-turcs, de la Révolution des œillets aux récents printemps arabes, les auteurs relèvent ainsi le pari de leur analyse conjointe.
Ouvrage coordonné par Mathilde Larrère, avec des contributions de Félix Chartreux, Maud Chirio, Vincent Lemire, Eugénia Palieraki.
14 mars 2014