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L’invisibilité sociale. Approches critiques et anthropologiques

Hubert Faes (dir.) L’Harmattan, 2013, 224 p., 22 €

Interroger l’invisibilité sociale, nous dit Hubert Faes en introduction de cet ouvrage collectif, c’est, en somme, se demander « à qui et à quoi s’étend l’espace public ». Reprenant le titre de Guillaume Leblanc (L’invisibilité sociale, Puf, 2009), ce livre en poursuit aussi le projet : traiter de l’invisibilité d’un point de vue philosophique. Comme le colloque auquel il fait suite, l’ouvrage mêle les contributions de chercheurs, philosophes ou sociologues, et d’acteurs de terrain (Secours catholique, ATD Quart Monde). Nombre d’entre eux insistent sur l’importance du regard mutuel : il donne à l’individu le sentiment d’exister aux yeux d’autrui et à ses propres yeux ; il confère une valeur sociale aux actes et aux discours et les inscrit dans un espace collectif ; il permet à l’individu d’être présent au monde. Mais pour « exister et avoir sa place dans l’espace social commun et public », encore faut-il que chacun dispose d’un lieu de vie. Ainsi les personnes en grande précarité, celles vivant à la rue, sont-elles « privées de la condition qui leur permettrait d’exister véritablement dans le monde commun ». « Pour pouvoir se manifester publiquement et retenir l’attention des autres, il faut pouvoir se soustraire à l’apparition en public ». Préserver une part d’invisible est l’une des conditions de la visibilité. S’appuyant sur les travaux d’Hannah Arendt, Faes revendique pour chacun le « droit d’avoir une place parmi les hommes ».  La question est posée aux politiques d’aménagement comme aux politiques publiques en général : dans quelle mesure offrent-elles à chacun une place ?

Aurore Chaillou
11 mars 2014
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