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Désobéir en démocratie. La pensée désobéissante de Thoreau à Martin Luther King

Manuel Cervera-Marzal Aux forges de Vulcain, 2013, 170 p., 20 €

« Contre ceux qui croient faire œuvre de progressisme en ‘tolérant’ la pratique de la désobéissance civile, il faut affirmer que cette dernière est un élément constitutif de la démocratie. » Le politiste Manuel Cervera-Marzal s’y emploie remarquablement, soulignant – c’est l’un des grands intérêts de son travail – le discours des acteurs eux-mêmes, jusqu’à présent peu pris en compte. Après avoir précisé les termes du débat entre conservateurs et libéraux, Rawls et Habermas en particulier, à propos de la légitimité de la désobéissance civile en démocratie (première partie), il restitue avec finesse la pensée, bien plus radicale, de ses figures les plus éminentes : Gandhi, King et Thoreau, mais aussi Howard Zinn et Jean-Marie Muller (deuxième partie). Malgré des divergences et tensions clairement exposées, il montre qu’au cœur de la désobéissance civile se trouve une profonde responsabilité citoyenne, une motivation altruiste et une manifestation publique, c’est-à-dire le respect de la démocratie : « Au fond, le désobéissant se soustrait momentanément à la loi pour, paradoxalement, en fournir une plus haute affirmation. » La non-violence est au cœur de la pensée désobéissante, sans pour autant constituer un dogme intangible. Au-delà, la non-violence comporte, pour l’auteur, un projet politique concret et souhaitable (troisième partie), qui permet de penser le conflit politique comme source de liberté et d’égalité. Au final, cet ouvrage constitue une excellente introduction à la désobéissance civile, ainsi qu’un bel exemple d’une philosophie politique constructive et ouverte.

Jean Vettraino
6 décembre 2013
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