Cet ouvrage n’insiste pas tant sur la démocratie participative que sur la participation publique. Il entend en présenter la genèse, la trajectoire et les enjeux (rapports gouvernants-gouvernés, légitimation de l’ordre, etc.), plaçant les dispositifs participatifs au cœur de son analyse. La participation publique est avant tout affaire d’usages et de pratiques ; malgré une codification et une professionnalisation croissantes – l’auteur montre bien comment se développe « un véritable marché concurrentiel de la prestation participative » –, elle tient avant tout du « bricolage ». Contexte et acteurs y jouent un rôle décisif et la négociation est permanente, si bien qu’il n’y a jamais deux processus participatifs identiques. L’auteur en propose un cadre général ainsi qu’une grille d’analyse solide, prenant en compte le « cadrage » initial et ses « débordements ». Cet effort de modélisation permet de mieux se repérer au sein du foisonnement des dispositifs participatifs à travers le monde (des encadrés en présentent des cas en Espagne, en Italie, au Canada… et même en Chine). Au-delà, l’étude de ce phénomène cherche à tracer certaines des évolutions du gouvernement public contemporain, fruit d’une tension fondamentale entre « rationalité gouvernementale » et association des individus. Au final, qu’est-ce qu’une participation publique réussie ? La réponse ne peut être scientifique : « La participation n’est pas une affaire de ‘bonnes pratiques’. Elle nécessite de rapporter sans cesse la réalité (…) des publics, des procédures et des effets des différents dispositifs adoptés à des critères que seule la lutte politique pourra déterminer. »