En 1976, le nombre de demandeurs d’emploi en France atteignait le million. Et depuis, les différentes politiques publiques de l’emploi seraient victimes, selon les auteurs qui s’appuient sur les rapports, évaluations et statistiques disponibles, d’un manque criant d’efficacité et de cohérence. Les mesures – de l’accompagnement vers l’emploi à la baisse du coût du travail (contrats aidés, baisse des charges…) – sont ainsi passées au crible. Le constat est cinglant : « 40 ans d’obstination sans résultat » ! D’où la nécessité d’être vraiment  lucide sur la gravité du chômage et de regarder en face les freins à l’emploi : une structure administrative lourde et mal calibrée, l’échec de la stratégie de la baisse du coût du travail, le piètre niveau de qualification de la main-d’œuvre française, une vision biaisée de l’activité économique, pensée d’abord autour de la puissance publique et des grandes entreprises. Celles-ci jouissent de privilèges illégitimes, alors que la création d’emploi est essentiellement due aux PME (2,3 millions d’emploi créés sur 2,8 au cours des vingt dernières années). L’ouvrage esquisse plusieurs pistes pour refonder une politique de l’emploi en France : nouvelle approche du temps professionnel, action publique en faveur des PME et prenant la mesure de la mondialisation économique, priorité donnée à la formation initiale. Éric Lafond et Vincent Beley, qui ont grandi avec la crise, appellent à sortir définitivement d’une vision de l’emploi passéiste et nostalgique des « Trente Glorieuses ». Cette vision est-elle celle qui anime la puissance publique ? Mais, plutôt que d’« attendre la croissance comme on attend Godot », on peut recommander la lecture de ce livre, malgré ses faiblesses de style et des facilités formelles.