Il n’y a pas d’espace neutre ou naturel : l’espace est en permanence construit, investi, pensé par les individus et les sociétés. Aussi doit-il être considéré « non seulement comme un contexte de l’action, produit de l’activité sociale, mais plus encore comme une contrainte et une ressource, comme un enjeu social » (p. 9). Cet enjeu, souvent occulté, est au cœur de ce livre : « En quoi l’appropriation, la catégorisation, la valorisation différentielle des espaces jouent-elles un rôle dans la production des inégalités sociales ? » (p. 12) À cette question tentent de répondre 27 chercheurs en sciences sociales. Leurs contributions sont regroupées en quatre parties. Le plan de l’ouvrage est ainsi très structuré ; titres, sous-titres et intertitres permettent d’y circuler facilement. Des illustrations soigneusement sélectionnées (cartes, schémas, photographies) renforcent la clarté et la densité des propos. Les contributions concernent surtout la France, mais aussi d’autres lieux (mur entre Israël et Palestine, « enfants de la rue » à Yaoundé, etc.). On relèvera la réflexion sur les catégorisations et hiérarchisations des espaces résidentiels et de leurs habitants (supposés) lors de la campagne présidentielle de 2007 dans les médias. Ces derniers ont en effet « un rôle important dans la production de l’espace » (p. 36) à travers les images et les mots véhiculés, souvent stigmatisant : « quartiers à problème » ou « campagnes » isolées et archaïques. Cet ouvrage exceptionnel marque une volonté commune « d’intégrer pleinement l’espace dans l’étude du monde social » (p. 9).