Face au principe audacieux de 1945, selon lequel « chacun verse selon ses capacités et reçoit selon ses besoins », le « social réalisé » perd régulièrement en légitimité et en effectivité pour des raisons économiques et financières, mais aussi politiques et idéologiques. Les valeurs de service public et d’intérêt général cèdent du terrain devant les références à l’entreprise concurrentielle, à la prestation de service et au client. Notre modèle social historique est constitué sur quatre registres principaux : les droits, les institutions, les savoirs et les actes de métier en situation. Élaborés solidairement, ils sont aujourd’hui menacés de dislocation. Pourtant la question sociale fait de la résistance. Et l’auteur invite à s’appuyer sur l’État de droit social garanti par la Constitution, à consolider nos accords normatifs pour l’action collective, à affermir l’approche institutionnelle, à soutenir la démocratie sociale et restaurer les deux piliers du savoir social que sont la recherche et la formation. Il importe de revaloriser les actes de métier réalisés auprès des usagers et de se méfier de la nouvelle folie évaluative. Face à la privatisation progressive, à la rationalité managériale, au consumérisme ambiant, il écarte le pari de la fin de l’État-Providence. Historiquement, notre modèle social n’a jamais été figé ou fermé sur lui-même. Un ouvrage réconfortant et militant écrit par un historien et sociologue.
8 février 2012