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L’imposture turque

Martine Gozlan Grasset, 2011, 128 p., 9,50 €

Dénonçant le « modèle turc » vanté par certains militants des printemps arabes, Martine Gozlan dévoile les aspects cachés d’une réalité qu’elle qualifie d’imposture démocratique, laïque et géopolitique. Des inquiétudes fondées, au vu du double jeu pratiqué par l’AKP (parti islamo-conservateur) d’Erdogan, et de la lente dérive de son régime vers une islamisation systématique du pouvoir et de la société : « Les Turcs ont rejoint l’AKP en croyant prendre un ticket pour l’Union européenne et se retrouvent dans le train pour Téhéran » (p. 92). Des exemples donnés, on retiendra surtout celui des Alévis : adhérents d’une croyance dérivée du chiisme, ils représentent un quart de la population (quelque 20 millions), et sont obligés de suivre l’islam officiel qu’ils récusent, et ce malgré le soutien de la Cour européenne des droits de l’homme. Curieusement, l’auteure ne souffle mot des minorités chrétiennes, à qui est refusée toute existence légale ; ni du problème kurde, toujours enlisé dans une impasse sanglante ; ni de l’occupation du nord de Chypre par l’armée turque ; ni des pays turcophones qui s’étendent jusqu’à la Chine, formant la zone naturelle de l’influence turque. Elle regrette en revanche que l’Europe, et la France en particulier, se soient détournées de la Turquie, dont le destin occidental est pourtant loin d’être évident. Un livre dérangeant, mais qui nourrit.

Sylvain Urfer
25 juin 2012
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