Pour sa thèse de doctorat en sociologie, Marnia Belhadj avait mené une enquête entre 1995 et 1997 auprès de 90 jeunes femmes entre 20 et 40 ans, presque toutes nées en France et presque toutes célibataires. Elle a repris son enquête en 2004 et l’ouvrage qui nous est proposé montre comment ces femmes ont conquis leur autonomie selon leur objectif. Filles d’immigrants algériens arrivés dans les années 60, elles ont connu le bidonville de Nanterre et les cités de transit et leurs mères étaient sans profession à 83 %. L’accès à l’autonomie a souvent commencé pour elles avec l’école qui permettait les sorties et elles ont vite compris qu’elles devaient remettre en cause l’ordre familial traditionnel, qui est plus strict dans les familles algériennes de France que dans celles restées au pays… Adultes autonomes, en particulier grâce à leur activité professionnelle, elles choisissent de maintenir les liens avec leurs parents, ce qui fait l’originalité de ces relations parfois conflictuelles, qui ont ensuite servi de modèle aux sœurs cadettes. L’auteur a connu le même parcours de vie que celles qui sont l’objet de son ouvrage, instructif et attachant.