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Le livre noir de l’économie mondiale.

Moisés Naïm Contrebandiers, trafiquants et faussaires, Grasset, 2007, 394 p., 19,90 €

Le sous-titre de ce livre dit bien peu des crimes favorisés par la mondialisation. Certes l’esclavage ne date pas d’aujourd’hui et il fut de tout temps lié aux incursions transfrontalières, comme le commerce des armes. Plus modernes, les trafics de drogues, d’organes humains et le piratage des logiciels informatiques ne sont pas le monopole du commerce international. Cependant, les mêmes vecteurs de la mondialisation servent aux activités contraires à la dignité humaine et à l’ordre public. Dans un style plus journalistique qu’universitaire, l’ancien ministre de l’Industrie et du commerce du Venezuela passe en revue la face cachée du commerce mondial : tout sur le web s’achète et se vend et se pèse et s’emporte. L’intérêt principal de l’ouvrage de Moisés Naïm n’est cependant pas dans ce « Tableau apocalyptique », mais dans l’explication donnée de l’inefficacité de la lutte contre le crime mondialisé. L’ennemi est pensé sur le schéma d’une organisation hiérarchisée (mafia). Du coup, la lutte mobilise des systèmes peu flexibles face à des réseaux souples qui émergent et disparaissent selon les besoins du moment. Le terrorisme international utilise aussi la solidarité réticulaire plutôt que la planification centralisée. L’auteur, avec pragmatisme, propose de décloisonner les services de contrôle, de décriminaliser certains trafics qui mobilisent trop d’énergie pour un enjeu social de second rang, et de favoriser la confiance mutuelle entres administrations transfrontalières par des collaborations ciblées entre pays volontaires, à la manière d’Europol, plutôt que d’Interpol. Cette collaboration n’est pas évidente, car elle entraîne une ingérence certaine dans les souverainetés nationales.

Étienne Perrot
6 juin 2012
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