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Des chrétiens dans le ghetto de Varsovie

Parole et silence, 2011, 184 p., 21€

Toute la problématique de ce livre relatant l’histoire des chrétiens du ghetto de Varsovie repose sur la définition de la judéité. Si, pour l’État polonais la religion prime sur la race, pour les nazis, depuis les lois de 1939, c’est la race qui prime… Ainsi quelque 5 000 chrétiens d’origine juive, assimilés de longue date par mariage ou conversion et ignorant souvent leur origine, furent conduits dans le ghetto de Varsovie. Celui-ci rassemblait environ 300 000 habitants parlant yiddish, pour lesquels l’appartenance à la descendance d’Abraham ne saurait être reniée. Appartenant souvent à l’intelligentsia polonaise, ces assimilés bénéficiaient de responsabilités et de meilleures conditions grâce aux services d’entraide catholiques (dont l’action s’étendra aussi aux juifs en 1942, se préoccupant particulièrement du sort des enfants). Après la fermeture complète du ghetto, on assiste à une vague de conversions, souvent par opportunisme. Les relations se tendent entres le Conseil juif et l’Église, accusée d’assimilationnisme. Séparés des chrétiens de l’autre côté, méprisés par la communauté juive, les chrétiens du ghetto ont laissé peu de documents. En septembre 1942, tous sont déportés à Treblinka. En 1943, les survivants se soulèvent ensemble. Presque tous mourront. Cet anéantissement des chrétiens issus du peuple juif a sans doute contribué à combattre les derniers vestiges d’antijudaïsme dans l’Église polonaise. Ce livre passionnant révèle une situation bien loin des clichés d’amitié, de solidarité et d’entraide souvent mis en avant. Une situation confirmée par la découverte et la publication récente des archives « Ringelblum », un membre du Judenrat (le conseil juif) qui a collecté méthodiquement toutes les traces de la vie quotidienne du ghetto.

Jean-Yves da Lage
1er décembre 2011
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