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La Revue Projet, c'est...

Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.

D'un retournement l'autre. Comédie sérieuse sur la crise financière. En quatre actes et en alexandrins

Frédéric Lordon Seuil, 2011, 140 p., 14 €

« On pourra analyser la crise financière sous toutes ses coutures, tout ça ne vaudra jamais une image bien choisie qui fait bouillir les sangs. » La postface expose clairement l’ambition de l’auteur. Frédéric Lordon, économiste connu pour ses analyses critiques – souvent prémonitoires – de la crise financière, a choisi ici le registre du théâtre, car il « surréalise la crise, quand toutes les distensions temporelles du monde social tendent à la sous-réaliser, et tous les efforts du discours dominant à la déréaliser ». Allergiques au propos didactique, qui vilipende « ce singulier marxisme / Qui, à la dictature du prolétariat / Aura substitué celle de l’actionnariat », s’abstenir. Mais la lecture de ces vers ravira les autres, tant les mots sont savoureux. Le trader (on devine Jérôme Kerviel) :

« J’ai mal pricé mon swap et mon spiel a losé J’ai été un peu long et j’aurais dû shorter ».

En présence du président et du gouverneur de la Banque centrale, le deuxième conseiller suscite un « silence général stupéfait » en évoquant la nationalisation des banques :

« Que peut vous retenir d’entrer au capital Comparés à ces buses peut-on faire plus mal? »

Et plus loin, le propos prêté au Premier ministre est à l’envi :

« Que la rigueur soit dure, je n’en disconviens pas Mais le marché l’exige et c’est donc notre loi ».

Bref, cette pièce à la fois révolte et réjouit. On attend de la voir sur les planches.

Jean Merckaert
1er décembre 2011
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