Jamal, un migrant acteur de développement
Yves Bourron Publisud, 2011, 270 p., 16 €Voilà un récit de vie qui offre, outre la découverte d’une attachante personnalité, un double intérêt pour qui s’intéresse aux migrations. Le premier est historique : c’est un témoignage de première main sur ce que vivaient les migrants maghrébins dans les années 1970 : le recrutement au bled (village marocain) par une entreprise française (usine Pechiney à l’Argentière), un grand isolement par rapport à la société environnante, des conditions de logement et de travail indignes, mais aussi l’importance de l’engagement syndical comme facteur d’intégration. Le deuxième intérêt, plus actuel, est d’éclairer par une expérience très concrète, déployée sur vingt-cinq ans, la question de la contribution des migrants au développement de leur région d’origine. Après la fermeture de l’usine de l’Argentière, Jamal fonde Migrations et développement, une association qui multiplie les projets (électrification, accès à l’eau, écoles, tourisme solidaire, formation d’élus) dans les villages de sa région, et qui est aujourd’hui une référence dans toutes les études sur le co-développement, en raison non seulement de ses résultats, mais de sa méthode – veiller à ce que les acteurs locaux prennent la parole, exercent leur responsabilité – et de sa conviction : le développement passe par des « médiations » plus que par des affrontements entre tenants de la tradition et tenants de la modernité, entre société civile et État, entre Nord et Sud.
5 octobre 2011