Un livre poignant de vérité, sur une figure emblématique de l’Église latino-américaine. L’assassinat d’Oscar Romero (1917-1980) en a fait un martyr de l’Évangile et de la défense des pauvres. Rien pourtant ne prédestinait ce prêtre conservateur devenu archevêque de San Salvador à prendre conscience de l’exploitation des paysans et à dénoncer les causes fondamentales de l’injustice et de la répression dont souffre la population depuis des siècles. Yves Carrier retrace d’abord l’histoire du pays, du XVIe siècle et de l’époque coloniale à nos jours, insistant sur le rôle d’une Église devenue consciente de ses responsabilités sociales après Vatican II et les rencontres de Medellin et de Puebla. Il décrit ensuite l’évolution humaine, intellectuelle et spirituelle qui a fait d’Oscar Romero la voix des sans voix, en dépit des attaques des militaires et de l’oligarchie, et de l’opposition des siens : nonce apostolique, évêques et prêtres conservateurs. Avec les accents des prophètes de l’Ancien testament, il n’a eu de cesse d’en appeler aux Écritures et à l’exemple du Christ pour mettre l’option préférentielle pour les pauvres au cœur de la foi chrétienne. L’Église connut alors une véritable persécution, à l’instar des pauvres qui, disait Mgr Romero, « sont le peuple crucifié, tout comme Jésus » ; il sera lui-même assassiné à l’autel le 24 mars 1980, après son homélie…