L’originalité de ce livre au titre un peu trompeur – il s’agit de « mesurer », plus que d’agir – tient à la démarche retenue : mettre en parallèles comparatives les indicateurs de pauvreté à un triple niveau, mondial (objectifs du Millénaire des Nations unies), européen (conseil de Lisbonne en 2000) et français (loi de décembre 2008 instaurant le RSA, revenu de solidarité active). La comparaison est menée avec clarté et précision, mettant en relief beaucoup plus de similitudes que de différences. La controverse récurrente autour des « indicateurs relatifs » et des indicateurs « ancrés » dans le temps est éclairante. Le pari politique sous-jacent est également clair : ces objectifs sans obligation, même s’ils sont précis et nombreux, placent les politiques sans contrainte de résultats présentables. Un léger regret, compte tenu du talent pédagogique déployé : l’absence (volontaire) de toute analyse causale de la pauvreté, de toute réflexion au fond sur les mécanismes à l’œuvre, au double plan individuel et collectif.
16 février 2011