Le « Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale » (2008), qui rapproche sécurité et défense en proposant que l’armée de terre soit partiellement réorientée vers la protection du territoire national, et la loi du 29 juillet 2009 de programmation militaire, qui fait entrer dans notre droit le concept de « sécurité nationale », représentent une nouvelle approche de la mission de l’armée. Le rapprochement gendarmerie/police accentue cette évolution : sécurité et défense sont mêlées. Dès lors, l’auteur imagine un scénario catastrophe, où tout concourt à préparer à une guerre des banlieues. Depuis les émeutes de 2005, une évolution politique apparaît : « la préparation de la guerre totale dans les cités ». Ainsi en va-t-il de la rénovation urbaine destinée à faciliter son action. Les systèmes de vidéosurveillance sont recommandés aux bailleurs et reliés à la police (la loi Loppsi 2 parle de vidéoprotection, censée faire baisser la délinquance et ainsi « faire respecter les lois de la République »). L’auteur dénonce un amalgame choquant, alors que le plan Espoir-banlieues, lancé en 2008 par Fadela Amara, visait à créer un lien social pour désenclaver les banlieues et donner sa chance à une élite soigneusement triée face aux « voyous ». Ce plan est en panne et la politique du « tout sécuritaire » est en route. L’auteur évoque même l’expérimentation en banlieue d’un nouveau matériel militaire, la banlieue servant de salon d’exposition! Il est vrai qu’en juxtaposant une série de faits et de mesures, on peut craindre bien des dérives; c’est sans compter sur la maturité démocratique des Français. Être prêt à affronter la violence des rues est une chose, dire que la banlieue sert de terrain d’essai en est une autre.