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L'argent

Michel Wieviorka Éd. Sciences humaines, 2010, 250 p., 22 €

Anthropologues, sociologues et praticiens de l’économie croisent leurs regards non pas au sujet de la « monnaie » des économistes, mais sur le phénomène social qu’est l’argent. Lors des « Entretiens d’Auxerre 2009 », les traditionnelles références furent convoquées : Aristote, Marx, Dumas, Zola, Simmel, Polanyi, Aglietta et Orléan… Outre les approches universitaires, le lecteur trouvera quelques bonnes monographies sur l’argent des mafias, des médias, le pouvoir du grand distributeur américain Wal-Mart, le rôle des politiques (sous-titré avec beaucoup d’optimisme « De l’enrichissement individuel au juste partage des ressources ») et le témoignage stimulant d’un petit entrepreneur. Les contributions les mieux pensées restent cependant celles qui s’enracinent dans l’histoire : la Bourse vue par les romanciers et cinéastes, par Guy Gauthier et surtout l’argent et les relations sociales dans l’Europe préindustrielle par Laurence Fontaine, qui met au jour la rupture culturelle et sociale que constituèrent le calcul monétaire et la comptabilité patrimoniale. Cela aurait pu être un bon point de départ pour une analyse – malheureusement absente – de la crise actuelle en termes de déconnexion des fonctions monétaire et assurantielle de la finance. C’est dommage, car le risque, sous-jacent à l’argent qui n’est autre qu’une créance à vue, produit du « jeu » dans les rouages socio-économiques et donc des risques différenciés selon les partenaires. Dans la société contemporaine, les communautés et les disparités de risques économiques, plus que les fonctions diverses dans le processus de production, produisent les distinctions de classes sociales. Peut-être pour de prochains « Entretiens d’Auxerre ».

Étienne Perrot
12 décembre 2010
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