L'accueil des demandeurs d'asile. Une ethnographie de l'attente
Carolina Kobelinsky Le Cygne, 2010, 270 p., 25 €La vie quotidienne des demandeurs d’asile qui obtiennent une place en centre d’accueil des demandeurs d’asile (Cada) (seulement 61 % d’entre eux en 2009) se caractérise par une temporalité qui s’allonge et se ralentit et par un espace qui tend à se restreindre. L’auteur propose un essai sur cette expérience de l’attente et sur ses conditions, à partir d’entretiens dans un Cada, de perspectives historiques (l’évolution de la politique de l’asile, l’histoire des Cada) et d’une une réflexion anthropologique (l’hospitalité, le confinement et l’attente, l’espérer). La première partie, « Politique de l’attente », étudie les conditions de l’accueil en Cada, puis les « figures du demandeur d’asile » : celle du héros qui retourne le stigmate de victime ; celle de l’imposteur, marquée par la suspicion, celle du débrouillard, doté de courage et d’une volonté de faire face. La seconde partie, « Expériences de l’attente », décline les facettes de cette temporalité bloquée, dépendante. Il y va de l’ennui, de la capacité à gérer l’attente telle qu’elle est proposée par la structure Cada (animation, écoute des personnes) ; faire attendre, voire faire espérer, et finalement réussir à estomper l’attente. La décision de quitter son pays pour chercher refuge ailleurs met le réfugié dans un mouvement ; la proposition d’une hospitalité publique et la manière dont la procédure d’asile se déroule fait de cette personne une catégorie administrative autant qu’un réfugié. Comment trouver les mots et les gestes qui aideront à maintenir le mouvement amorcé par la décision de vivre, de façon réaliste bien sûr ?
12 décembre 2010