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Des héritiers sans passé. Essai sur la crise de l'identité culturelle européenne

Françoise Bonardel La Transparence, 2010, 264 p., 20 €

Près de 250 auteurs européens sont évoqués, de Theodor Adorno à Søren Kierkegaard, de Roger Caillois à Simone Weil, d’Aristote à Érasme, d’Antonin Artaud à Stefan Zweig. Ces références nombreuses témoignent assurément d’une très large ouverture d’esprit qui exige du lecteur une attention soutenue. Selon une tradition bien française, les cultures techniques, économiques, scientifiques ou même culinaires et artistiques en sont absentes. Cependant, tel quel, ce riche terreau philosophique et littéraire dessine un tableau suggestif : la crise de l’identité culturelle provient d’un oubli des racines de l’Europe, au nom d’un universalisme affiché. En fait cet universalisme « européen » n’est que le cosmopolitisme relativiste du marché mondialisé. L’enracinement réclamé par l’auteur n’a cependant rien d’un enfouissement où germe le communautarisme comme il a engendré le nationalisme d’avant guerre ; il s’agit plutôt d’un dépassement perpétuellement renouvelé par la confrontation à l’altérité. L’identité culturelle exclut de camper au milieu de nulle part ; bien au contraire : en assumant le lieu particulier de son émergence, la culture européenne pourrait déployer les potentialités de cette dialectique de l’ici et de l’ailleurs, en un processus de formation jamais achevé. Ce livre, à première lecture, ressemble à un fouillis impénétrable ; il dénonce cependant avec acribie les dérapages de nos intellectuels médiatiques, ceux qui s’amusent au commerce (parfois lucratif) des idées et s’autorisent à juger de tout en ne se situant nulle part.

Étienne Perrot
12 décembre 2010
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