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Du meurtre au sacrifice. Psychanalyse et dynamique spirituelle

Véronique Donard Cerf, 2009, 670 p., 55 €

Au fondement structurel de la psyché, Sigmund Freud plaçait le couple meurtrier sadomasochiste. Véronique Donard postule un autre principe, le sacrifice. Le sacrifice structure la vie spirituelle, celle du sens, où le sujet éprouve à la fois un manque et une dynamique. L’auteur met au jour une telle structuration en allant fouiller non pas simplement les archives bibliques judéo-chrétiennes, mais également les Vedas, les Aztèques et le courant orphique. Elle montre en outre la fécondité d’une telle approche en interprétant des  cas cliniques dont le plus convaincant est certainement celui de Sainte Thérèse où se voient converties, d’une conversion jamais achevée, les originelles pulsions de mort en vie mystique. La postface de ce livre rigoureux est d’un grand mérite : le théologien Christophe Théobald y souligne à la fois l’intérêt d’une telle analyse pour la théologie, mais aussi la distance qu’il lui faut garder, distance due au caractère institutionnel de la théologie – avec l’avantage que cela lui procure sur l’expérience mystique, fondamentalement sans mémoire. La sublimation de la pulsion de mort n’est pas un scoop. La convergence de l’horreur et de la religion fut même l’une des inspirations de G. Bataille. De même en économie : le sacrifice est omniprésent et déjà au cœur même de la valeur, valeur d’usage ou valeur d’échange. Reste un doute : d’où vient ce besoin de rechercher un principe premier universel ? Ne serait-ce pas pour se donner l’illusion d’une maîtrise de la vie par le moyen du langage.

Étienne Perrot
22 octobre 2010
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