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Le quai de Ouistreham

Florence Aubenas

Grand reporter au Nouvel Observateur et présidente de l’Observatoire international des prisons, Florence Aubenas a voulu faire l’expérience de la crise, au ras du terrain : sans qualification affichée et avec un trou béant dans son CV, elle a recherché du travail dans une ville de taille moyenne qu’elle ne connaissait pas, choisie un peu au hasard. Le titre évoque le ferry qui accoste trois fois par jour près de Caen, à Ouistreham, où l’auteur a trouvé un emploi de nettoyage. Les portraits sont croqués sur le vif, chercheurs d’emplois, employés d’agence d’intérim, petits patrons, employeur à domicile, collègues de travail… Toutes ces personnes sont mises en valeur d’une plume alerte. La qualité de l’écriture justifie le succès de librairie. Cet univers éclairé d’une sorte de lumière rasante provoque à chaque page un rire ambigu, presque grinçant : d’un côté un plaisir aussi immédiat qu’au regard d’une caricature de Daumier; d’un autre côté, la gêne devant des situations pathétiques où les personnages jouent un rôle que la distance prise par l’auteur rend inconsciemment ridicule. La crise à fleur de peau, tel pourrait être le sous-titre de l’ouvrage. L’humour omniprésent permet au lecteur placide d’entendre comme de loin des drames humains vécus sans phrases, parfois avec colère, le plus souvent avec résignation. Comme toute relecture d’événements bouleversants, ce livre n’a pu être rédigé qu’après coup.

Étienne Perrot
17 mai 2010
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