Pour introduire à cette question complexe Eric Nguyen propose un guide complet, dense et pédagogique. Il brosse un historique des relations entre Chine et Afrique, expose l’intérêt des deux parties à établir des liens essentiellement économiques, introduit avec finesse à la stratégie chinoise, et montre en quoi les Africains commencent à contester sa présence. L’auteur procède par chapitres brefs, qui vont à l’essentiel et dont la qualité d’information et de synthèse n’est que rarement mise en défaut (le projet de location, par Madagascar, de 1300000 ha à la Corée du Sud – p. 116 – a été rejeté et son annonce, fin 2009, a déclenché la révolte contre le président Ravalomanana puis sa démission). En revanche, le risque est fort bien démontré d’un réendettement massif d’une Afrique, à qui l’Occident vient de remettre ses dettes, à l’égard d’une Chine généreuse en prêts sans intérêts ou à très faibles taux, avec l’intensification de la corruption endémique qui en résulte. Même pertinence dans l’ambivalence des sentiments africains à l’égard des Chinois installés chez eux (700 000 ces dernières années, dit-on) : pouvoir disposer de produits de consommation à bon marché, même de piètre qualité, ne fait pas oublier leur racisme diffus. En conclusion, l’activisme chinois pourrait bien, à terme, favoriser le retour en grâce des anciennes puissances coloniales, ou des Etats-Unis, du Japon mais aussi des pays émergents…