Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site

L’argent, Dieu et le diable

Jacques Julliard Flammarion, 2008, 234 p., 19 €

Une redécouverte d’écrivains trop vite catalogués « catholiques », pour ne pas dire sans intérêt. Jacques Julliard nous introduit à la pertinence de leurs réflexions sur le monde moderne. Péguy, d’abord, qui n’a cessé de dénoncer « la prétention de l’argent de dominer hors de sa sphère » : « L’argent, équivalent universel… oui, sans doute! Des choses, soit, mais aussi, hélas, des valeurs spirituelles et des personnes elles-mêmes » (p. 167-8). Et Bernanos, « l’un des premiers prophètes de la société industrielle », pour J. Julliard : « Quand l’argent triomphe dans les relations économiques, c’est un gage de prospérité. Quant il s’étend aux relations non mercantiles, art, religion, éducation par exemple, c’est la certitude de la décadence » (p. 54-55). Claudel, enfin, chantre de l’échange (« ce que tu nommes échange, je le nomme communion »), le plus paradoxal des trois, pour qui « le culte de l’argent dans le monde moderne a détruit l’humanité de l’échange » (p. 174) – ce qui justifie sa « dénonciation furieuse de la société moderne où tout est mercantile, où l’échange gratuit n’existe pas, où la foi se nomme désormais crédit » (p. 176). Relire ces maîtres et constater que leur talent littéraire, joint à de vraies convictions, les a incités à défier la médiocrité de la société, voilà qui est réconfortant, et nous change de la fade complicité de bien des plumitifs contemporains.

Sylvain Urfer
13 juin 2008
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules