mprégné de la pensée de Joseph Wresinski, le fondateur du mouvement ATD Quart Monde, cet ouvrage ambitieux et touffu aidera à faire progresser la réflexion et aussi, il faut l’espérer, l’action. Encore faut-il savoir de quoi l’on parle : les clarifications de vocabulaire inspirées d’Amartya Sen sont alors les bienvenues, distinguant misère et pauvreté, pauvreté relative et absolue, etc. De facture originale, l’ouvrage fait se succéder les témoignages de pauvreté (Burkina Faso, Philippines, France et Pérou) et les analyses théoriques (liens fondamentaux et droits humains, mondialisation, démocratie et pauvreté) ; ce qui provoque par contre de nombreuses répétitions souvent lassantes. On regrettera toutefois la trop grande amplitude des problèmes abordés. Surtout, il n’a pas été suffisamment tenu compte de la dimension culturelle dans l’approche de la misère et de la pauvreté : la manière de les comprendre, de les vivre et surtout de les accepter, varie énormément selon les pays et les continents. Ainsi, la mise en perspective de situations asiatiques, latino-américaines, africaines et européennes, laisse un goût d’inachevé. Il n’empêche, ce livre constitue une avancée remarquable dans la compréhension d’une réalité aussi dégradante qu’inacceptable, face aux prouesses économiques et techniques dont l’humanité se prévaut par ailleurs.