Un lien si fort est un très beau livre où l’auteur nous fait partager des convictions fortes, dans un style agréable, personnel, ancré dans des expériences concrètes. La solidarité, ou la « diaconie » (un terme moins usé), n’est pas une affaire de spécialistes, elle concerne au contraire tous les chrétiens. Elle fait partie du cœur de la mission de l’Église, et non de sa périphérie. Elle n’est pas simplement une conséquence de la foi chrétienne, elle est une porte d’entrée dans la vie de Dieu. L’ouvrage s’emploie à fonder cela, en passant par la Bible, et par une réflexion sur le Christ et l’Église. Jamais abstrait, le style est toujours spirituel et existentiel, émaillé de métaphores savoureuses. L’image des liens revient souvent : liens entre les humains, liens entre l’humanité et Dieu. Etienne Grieu propose des pistes pour la vie des communautés chrétiennes. Par exemple à propos de la figure du diacre : il doit pouvoir s’investir à la fois dans la solidarité et dans la liturgie, signifiant que le souci des plus vulnérables a partie liée avec la Pâque du Christ. Mais ce que vivent les chrétiens doit aussi résonner dans l’espace public : la « logique gracieuse » de l’Évangile ne s’oppose pas aux échanges calculés, qui restent indispensables ; mais elle peut réorienter les énergies. Pour l’accueil des plus démunis, des lieux spécifiques demeurent nécessaires, animés par des personnes qui ont un certain savoir-faire ; l’auteur nous partage son expérience dans certains de ces lieux. Pour autant, les chrétiens qui y sont engagés là sont appelés à être, non des spécialistes, mais des médiateurs, des hommes et des femmes qui font le lien.