Cette seizième édition d’un manuel classique améliore sensiblement les versions précédentes : les thèmes les plus neufs (économie informationnelle, mondialisation financière, délocalisations, fiasco des économies administrées, écologie) sont abordés sans polémique ; l’écriture est plus coulante et mieux travaillée, le ton moins scolaire. Bref, le lecteur redécouvre le goût de disséquer cette « science triste » qu’est l’économie. Le côté « western » des premières éditions a quasiment disparu. La ligne générale est restée : une approche classique de l’économie, dans la ligne qui va de John Stuart Mill à l’École de la régulation, récupérant au passage les deux incontournables que sont Keynes et Schumpeter. Cette approche est bien résumée par la trilogie « produire, répartir, dépenser ». Au commencement de toute économie se trouve la production, prétend la première page du premier chapitre. C’est une généralisation pardonnable, mais qui n’est peut-être pas la meilleure pour comprendre la caractéristique principale de l’économie contemporaine : l’accroissement des risques (avec son corollaire, le primat du pouvoir financier) au fur et à mesure que s’élargissent l’espace économique et les besoins. De même, la comptabilité nationale, socle pédagogique le plus habituel, n’est pas forcément le meilleur point de départ pour comprendre le ressort de la croissance mondiale actuelle : l’engendrement des besoins nés de l’hétérogénéité technologique, juridique, culturel des diverses régions. En dépit de ces limites, l’ouvrage de Denis Clerc reste, aujourd’hui encore, la meilleure initiation pour une approche sociale de l’économie.
14 août 2007