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D’où vient la richesse des nations ?

Banque Mondiale Economica, 2007, 200 p., 14 €

Paru aux États-Unis en 2005, cet ouvrage n’a rien perdu de son intérêt méthodologique. Le sous-titre anglais (Measuring Capital for the 21st century), désigne l’axiome qui organise la problématique. La richesse d’une nation gît dans les différentes formes de capital qu’elle possède : ressources naturelles, actifs techniques, infrastructures, et « le capital intangible résiduel » – les institutions (notamment judiciaires), la gouvernance (pas simplement le système politique), la culture (pas uniquement le savoir), et le capital social qui est l’entrecroisement de réseaux combinant à la fois les intérêts divers et les symboles de reconnaissance, et permettant une synergie fondée sur une confiance multipolaire bien tempérée. Ayant comparé 120 pays, l’ouvrage montre que ces différentes formes de capital sont en partie substituables : le Botswana ou la Malaisie, par exemple, ont investi les rentes de leurs ressources naturelles dans les infrastructures et la formation. D’autres, hélas plus nombreux (Nigeria, Togo, Venezuela…), ont consommé leur rente pétrolière de façon improductive. L’ouvrage esquisse un calcul de la croissance potentielle ainsi gaspillée. Inversement, de nombreux pays sans ressource naturelle ont créé un cadre de développement durable en investissant dans le « capital intangible » (le qualificatif « résiduel » ne doit pas ici induire en erreur). Sous-jacente à cette étude, la logique de la gestion de portefeuille, et l’usage d’expressions discutables comme « capital humain », ne devraient pas détourner l’attention de tous ceux qui désirent réellement un développement soutenable : derrière ce vocabulaire d’inspiration financière se cache le b-a ba de toute économie dont Jean Ladrière disait qu’elle est la science d’un monde anticipé.

Étienne Perrot
13 juin 2007
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