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Le frisson de l’émeute, violence urbaine des banlieues

Sébastien Roché Seuil, 2006, 222 p., 16 €

Parmi tous les commentateurs des émeutes urbaines de novembre 2005, Sébastien Roché apporte l’expertise d’un ancien secrétaire général de la société européenne de criminologie et les fruits d’une recherche mondiale sur le phénomène « émeutiers », depuis les fondements de l’école de Chicago jusqu’aux développements les plus récents en Europe (notamment en Grande-Bretagne). Sans renier l’importance du substrat social qui sert de terreau au phénomène, l’auteur s’écarte d’une vision trop déterministe en soulignant que « l’État social n’évite pas les émeutes » (p. 89). Tout en reconnaissant, et en regrettant, que la législation interdise aux statistiques de distinguer les Français sur l’origine, il souligne le rôle des minorités quand elles sont victimes de discrimination. Il refuse pourtant de voir dans l’émeute le début d’un phénomène politique. Plus simplement, il dénonce « les contrôles d’identité répétés et les provocations en boucle (…) d’autant plus mal vécus que la population des quartiers défavorisés se sent abandonnée (p. 107) ». Pour rompre le cercle de la violence, l’auteur recommande une nouvelle stratégie globale de la police, testée bien timidement par la gauche dans la police de proximité et réformée bien rapidement par Nicolas Sarkozy. Il dénonce les contresens de la rhétorique guerrière qui rassure à peu de frais et n’empêche pas les violences. Enseignant à l’École nationale de la police à Lyon, il constate que cette dernière s’est trouvée très démunie en octobre 2005 : surprise, désorganisations, coordination tardive sur le terrain, affrontements au sommet. Il conclut sur le rôle dévastateur « du frisson de l’émeute » parmi les jeunes révoltés et les jeunes policiers, au détriment de la population.

Bertrand Hériard Dubreuil
14 juin 2007
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