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La Chine vers l’économie de marché. Les privatisations à Shenyang

Antoine Kernen Karthala, 2004, 272 p., 38 €

Cet ouvrage intéressera tous ceux qui, de par leur profession ou du fait d’un intérêt particulier pour la Chine, veulent découvrir les mécanismes socio-politiques derrière le rideau médiatique de la croissance économique chinoise. Antoine Kernen y présente une analyse où se combinent stratégie politique, affrontements sociaux, imaginaire des acteurs et contraintes économiques. L’enquête focalise l’attention sur la commune de Shenyang, au cœur de cette région de la Mandchourie, au nord-ouest de la Chine, destinée jadis à l’industrie lourde de par ses richesses minières, à l’époque de la domination russe voici plus d’un siècle, puis de l’occupation japonaise avant la deuxième guerre mondiale, enfin de la planification soviétique au début de l’ère communiste chinoise. La double conversion industrielle et idéologique vécue par Shenyang n’a rien de commun avec la brutale rupture imposée dans les pays de l’est de l’Europe et en Russie par les idéologues du marché. Comme le souligne le titre, la Chine marche toujours vers l’économie de marché ; elle n’y est pas encore. Les privatisations qu’évoque le sous-titre n’ont pas consisté à brader les meilleures entreprises mais à instiller à petits pas une rigueur de gestion dans les entreprises d’Etat, rigueur encore très imparfaite comme en témoigne l’accumulation de créances douteuses dans l’actif des banques, sous la pression politique. Les entreprises privées ne constituent à Shenyang qu’un secteur encore marginal, en dépit de quelques timides investissements étrangers, et des joint-ventures toujours difficiles à finaliser. Le tableau dressé montre comment les entreprises dominées par l’Etat, encore majoritaires dans cette région, se défont par petites touches de leur rôle social, rôle repris peu à peu, et non sans troubles sociaux, par l’administration publique. Le plus grand mérite de l’ouvrage reste de donner l’impression justifiée d’un régime chinois emprunt de pragmatisme et dont l’avenir économique est loin d’être déjà écrit.

Étienne Perrot
14 juin 2005
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