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Des crimes qu’on ne peut ni punir, ni pardonner. Pour une justice internationale

Antoine Garapon Odile Jacob, 2002, 350 p., 20 €

L’auteur rappelle d’abord que le recours à la justice pénale internationale, inauguré à Nuremberg pour juger les criminels nazis, a beaucoup progressé depuis la fin de la guerre froide. Cette évolution, souligne-t-il, n’est pas sans ambiguïtés. Qu’apporte-t-elle vraiment à la construction de la paix ? Les procès qu’instruisent les tribunaux pénaux internationaux guérissent-ils les victimes ? Contribuent-ils à empêcher la guerre ? Répondent-ils à un projet universel ou sont-ils l’expression d’une justice de vainqueurs ? Reconnaître les limites de la justice internationale ne doit pas conduire à penser qu’elle n’a pas lieu d’être. Elle a un rôle irremplaçable à jouer qu’elle remplira d’autant mieux qu’elle saura se départir d’un certain angélisme ou d’un fondamentalisme juridique qui se rejoignent pour disqualifier la politique. On ne peut transposer purement et simplement le rôle de la justice interne au niveau international, en pensant à tort qu’elle va se substituer à un fonctionnement défectueux du politique. Le rôle de la justice n’est pas de remplacer la souveraineté d’un Etat mais de la stimuler. Sa fonction n’est pas d’humilier un Etat mais de le responsabiliser en lui enjoignant de renoncer à ses errements. L’essentiel est que les victimes et les crimes soient reconnus, que puisse ainsi être renoué le lien politique, réhabilité la démocratie. La justice internationale prend tout son sens en insécurisant tous les pouvoirs du monde, en leur signifiant qu’aucun ne peut prétendre imposer aux autres sa volonté, en leur signalant qu’ils ne seront jamais complètement quittes de leurs obligations. Entre le rêve d’une monarchie universelle dont un tribunal mondial serait la première pierre et le retour à un droit international classique dont la souveraineté serait l’élément central, la justice pénale internationale peut ainsi tracer une voie nouvelle.

Michel Taillefer
18 juin 2002
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