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Passionnés d’urbex1, Yves Marchand et Romain Meffre poursuivent leur quête de paysages abandonnés en explorant, par l’intelligence artificielle, un Paris déserté. Leur regard documentaire interroge l’illusion du réel au cœur de cette fiction photographique.
Le traitement post-apocalyptique de votre travail traduit-il un certain pessimisme, notamment face aux intelligences artificielles (IA) ?
Yves Marchand et Romain Meffre – Notre livre s’articule autour d’un Paris tombant à l’abandon subitement, sans forme de récit précise. Plusieurs centaines d’années se sont écoulées et l’humanité vient redécouvrir la ville.
L’IA provoque chez nous à la fois une excitation et une inquiétude face à la puissance de la technologie. Un parallèle s’impose avec le sublime des ruines, c’est-à-dire une force immense d’une certaine beauté face à laquelle on se trouve dépourvu, générant un sentiment d’admiration mêlé d'effroi.
Notre sujet ne nous paraît pas apocalyptique. Les ruines sont cycliques et arborent un aspect romantique, de paisibilité : la ville est enfin débarrassée de la présence humaine et la nature revient. Chacun s’y projette différemment. Ici, le pouvoir des images crée un trouble, parce qu’on perçoit ce qui pourrait être réel.
L’idée de transformer Paris en ruine n’est pas très originale. Largement abordées dans la littérature, les bandes dessinées, mais aussi le cinéma, ces propositions visuelles nous semblaient caricaturales. Dans la fiction, l’arrêt sur image ne résiste pas à l’examen de l’image fixe, parce que l’abandon est sursignifié.
C’était l’occasion de créer notre version avec une contrainte réaliste, évidemment subjective, tout en proposant quelque chose de novateur. En IA, le sujet « Paris en ruine » restait à faire. Jusque-là, Photoshop, par exemple, était trop limité pour imiter le délabrement.
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