Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Le collectif CFC tente d’impulser un soutien en réinterrogeant les cadres humanitaires traditionnels en faveur des personnes exilées du Calaisis. Mais la répression environnante et le sort précaire du dispositif rendent sa pérennisation difficile.
Depuis les années 1990, de nombreuses personnes exilées sont contraintes d’interrompre leur parcours migratoire à la frontière franco-britannique qui se superpose à celle de l’espace Schengen. Calais est une « ville-frontière1 ». Les politiques migratoires successives (européennes, françaises et britanniques) ont progressivement renforcé cette frontière. Un important dispositif répressif s’y est implanté, forgeant un « environnement hostile » pour les personnes exilées.
La construction politique de la migration en « problème », vient justifier la répression de ces personnes, leur surprécarisation, engendrant alors « une crise humanitaire ». Dans ce contexte, un important réseau de soutiens associatifs, mais aussi interpersonnels, a investi la ville. Leurs objectifs et fonctionnements sont divers, mais le contexte de « crise humanitaire » semble imposer ses logiques du secours et de l’urgence.
Outre une forte présence policière et l’entrave à tout service de première nécessité, les évictions sont nombreuses et systématiques dans le cadre d’une « politique de lutte contre les points de fixation2 » visant à empêcher la pérennisation de lieux de vie, conduisant à un perpétuel recommencement. Les personnes déplacées doivent reconstruire leurs lieux de vie et les biens nécessaires à la (sur)vie.
Cette politique surprécarise les personnes exilées et les plonge dans une urgence indépassable. Une membre du Calais Food Collective (CFC)3 insiste : « Tu ne peux pas viser le long terme […] Ça nous conduit à être constamment coincés dans le mode d’urgence
vous pouvez l’acheter à l’unité pour 3€
Pour accéder à cet article :
La Revue Projet donne gratuitement accès aux articles de plus de 3 ans.