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Pantouflage, revolving doors : la porosité entre haute fonction publique et finance se banalise. Au-delà des conflits d’intérêts, l’intérêt général s’efface derrière celui du secteur financier.
Le 28 mars dernier, la Société générale a annoncé la nomination d’Alexis Kohler en tant que directeur général adjoint du groupe, prenant effet à compter de juin 2025. Celui qui était secrétaire général de l’Élysée depuis 2017 rejoindra donc le deuxième plus grand groupe bancaire français.
Membre du Comité exécutif, il sera rattaché à Slawomir Krupa, directeur général. Il présidera la banque d’investissement du groupe, ce qui l’amènera à coordonner les opérations de fusions acquisitions et l’ensemble des activités effectuées sur les marchés financiers. Il sera également en charge du secrétariat général, des ressources humaines, de la communication et de la coordination des programmes de transformation du groupe.
En bref, une grande fonction dans un grand groupe bancaire après une grande fonction dans la haute fonction publique, qu’il rejoindra peut-être à nouveau plus tard.
Les allers-retours de ce type, connus sous l’expression « revolving doors », sont devenus si fréquents qu’ils n’émeuvent plus grand monde. Le fait que la finance et la haute fonction publique en arrivent ainsi à faire maison commune pose pourtant un sérieux problème de gouvernance, qui ne se limite pas aux conflits d’intérêts directs.
Cette capture des autorités publiques par les intérêts financiers favorise une vision du monde où les intérêts du secteur financier se confondent avec l’intérêt général.
L’intrication entre la haute fonction publique et le secteur financier ne date certes pas d’hier. En France, bon nombre de représentants ou de dirigeants du secteur bancaire sont passés par la haute fonction publique.
Georges Pompidou avait travaillé plusieurs années à la banque Rothschild avant de devenir Premier ministre en 1962, puis président de la République en 1969, traçant la v
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