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La médiatisation de l’accueil de célébrités étrangères descendantes d’esclaves soulève un débat dans la mémoire camerounaise. Car la traite négrière fut aussi une histoire africaine.
La question de la mémoire africaine prend deux voies : l’une, théorique, se trouve dans la forme que prend la pensée postcoloniale ; l’autre est liée aux évolutions des techniques, en lien avec les recherches génétiques.
Le 20 novembre 2024, le footballeur brésilien Vinicius Junior a reçu un certificat attestant ses origines camerounaises. Le joueur du club de football Real Madrid avait réalisé des tests ADN pour en savoir plus sur sa provenance. « La science prouve » que ses aïeux viennent du groupe ethnique Tikar au Cameroun.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du projet « raizes de ouro » (« racines d’or »), porté par la confédération brésilienne de football et une société de traçage génétique pour plus d’inclusion dans la société brésilienne.
Parmi ces billets retour vers l’ascendance, Vinicius n’est pas le premier. Nombreux sont les descendants d’hommes et de femmes rendus et maintenus en situation d’esclavage dans les Amériques qui ont recherché leurs racines africaines.
En 2021, le cinéaste américain Spike Lee a fait une halte à l’ambassade du Cameroun à Paris, à l’invitation des autorités. Il y a reçu les honneurs du pays qui organise alors la coupe d’Afrique des nations.
Ces accueils des « enfants du pays », à grands renforts médiatiques, ne suscitent pas toujours l’adhésion générale souhaitée. Nombreux sont les internautes qui pensent que ces racines retrouvées et célébrées des deux côtés de l’Atlantique sont de l’ordre de l’hypocrisie. Spike Lee, Vinicius et leurs aïeux respectifs ne se sont pas retrouvés aux Amériques par un effet de migration choisie.
S’il y a eu la rapacité du capitalisme, la démesure de l’impérialisme et la hideur du racisme, il faut aussi souligner la responsabilité du meurtre ou de la vente du frère p
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