Comment avez-vous entrepris, en tant que photojournaliste, de dévoiler à la fois une part aussi intime de votre vie et de celle de Ghorban et de sa famille ?

Olivier Jobard – Pour mener à bien un travail, j’entre souvent dans l'intimité des personnes que je photographie. Cette fois-ci, mes enfants se sont invités dans les clichés, assez naturellement parce qu’ils étaient proches de Ghorban. Je n’avais pas forcément pensé à les mettre dans le cadre. Tout ceci s’est fait un peu par accident. Et puis j’ai trouvé que, finalement, ça permettait de raconter aussi autre chose de cette fratrie.

Ne parlant pas la même langue, mes enfants se sont vite rapprochés d’Aziza, Sima, Mehrab et Sohrab, par le biais d’un langage non-verbal. J’ai trouvé belle cette interaction et j'ai voulu intégrer cette intimité à mon travail.

Comme je demande beaucoup aux gens, je trouve normal de les convier chez moi. Par réflexe journalistique, j’ai toujours posé mon appareil photo à l’entrée de mon domicile. Là, ça a été différent, peut-être parce que je ne travaillais pas dans un cadre de presse. Je me suis un peu plus lâché.

Est-ce la première fois que vous avez suivi une personne sur un temps si long ?

Lorsque Ghorban est arrivé en France, il était mineur isolé. Je l'ai suivi jusqu'à sa majorité, pendant huit ans. Durant cette période, il ne se passait pas grand-chose. Puis, il a obtenu ses papiers, son bac et la nationalité française.